jeudi 10 mars 2022

Emploi : le Covid a modifié les profils des intérimaires en France :

L'emploi temporaire a joué les montagnes russes toute l'année 2021 en fonction des évolutions épidémiques. Il a rebondi au dernier trimestre mais reste en retrait de 4 % par rapport à 2019.

Le travail temporaire n'a pas échappé à l'ampleur du choc engendré par la pandémie sur l'économie : par rapport à l'avant-Covid, un quart des emplois intérimaires ont changé de nature sectorielle. « Nous ne l'avions pas anticipé », reconnait Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism'Emploi.

Ainsi 106.000 emplois ont été créés dans l'intérim entre 2019 et 2021 et 83.500 détruits. Le secteur transport-logistique, porté par l'essor de l'e-commerce, représente 21 % de ces créations. La part des disparitions d'emplois dans la construction automobile (19%) et dans l'aéronautique (7,4 %) illustrent les difficultés de l'industrie.

Décrochage de l'industrie et du BTP

Outre l'industrie, le BTP a lui aussi décroché l'an dernier (-11,8 %) en raison des difficultés d'approvisionnements en matériaux et de pénuries de main d'oeuvre. Les services, avec +0,5 %, se situent en 2021 à leur niveau d'avant-crise grâce à la normalisation de la situation dans l'hôtellerie-restauration, aux besoins importants dans le médico-social, et à l'essor du CDI Intérimaire (48.000 équivalents temps plein, +25 % par rapport à 2019), comptabilisé dans les services quel que soit le secteur utilisateur.

Toute l'année dernière, le travail temporaire a joué les montagnes russes au gré des fermetures et réouvertures de l'économie, pour remonter péniblement au final à 730.500 postes équivalents temps plein, encore en retrait de 4 % par rapport au niveau de 2019. Les régions touristiques et les régions industrielles ont particulièrement subi ces soubresauts et l'Ile-de-France, directement en prise avec les flux de la mondialisation, affiche le plus fort recul - de 11,7 % sur douze mois.

Pénuries de main d'oeuvre

Les ouvriers qualifiés ont le plus souffert (-6,5 %), contre un retrait d'environ 3 % pour les ouvriers non qualifiés et les employés, et une légère croissance de 2 % pour les cadres et professions intermédiaires.

Dans l'intérim comme ailleurs, les pénuries se sont fait sentir. « La relance et les politiques publiques en faveur du maintien de l'emploi ont conduit à une puissante vague d'embauches concentrées sur une dizaine de secteurs : santé, construction, informatique, éducation, action sociale, services aux entreprises à forte valeur ajoutée etc. En conséquence, les tensions sur les compétences qui préexistaient à la crise se sont exacerbées », constate Prism'Emploi.

Le secteur reste dans le flou pour l'année en cours. Prism'Emploi, particulièrement inquiet pour les 800.000 jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail, a renforcé son partenariat avec Pôle emploi et les missions locales.

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